Que le temps passe vite, entre ces écrits qui me sont si chers, précieuses et précieux lecteurs. J'aimerais communiquer avec vous de façon assidue, conformément à la vision idéalisée que je me fais de moi : disciplinée, toujours à l'ordre, productive, d'un optimisme sans faille, jamais chavirée par mon monde intérieur.
Parfaite
Or, imparfaite je suis, et ma plume en souffre, que voulez-vous. Je vous sais magnanimes, cependant, et je suis certaine que vous pardonnerez aisément ces quelques semaines de silence. J'ai pris soin de mon coeur, pendant cette période, puisque celui-ci avait été mis à rude épreuve, à notre regret réciproque, par la relation entretenue avec mon cher Renard.
Relation courte mais intense, peut-être même brulante voire destructrice : la résurrection a été difficile. Le temps guérit néanmoins tout, et bien qu'il n'y ait pas une journée sans que je ne songe à son sourire, à ses yeux, à ses mains sur mon corps, à sa ceinture qui savait si bien me caresser, à lui bref, magnifique et incompréhensible lui, me voilà enfin en équilibre de nouveau, et ouverte à la vie. Je lui avais dit, certes, que c'était fini. Que j'en avais fini de ma soumission, que ce n'était pas possible de s'investir autant chaque fois, et de tomber de si haut.
Ma soumission mourra avec notre relation, je ne peux plus, je n'en peux plus
Si dramatiques aient été ces mots, je les pensais, au moment de les prononcer. Tout ceci fait partie de qui je suis, de l'intensité qui guette ma vie. C'était des mots biaisés, bien sûr, étouffés par la détresse, le deuil, l'incompréhension. Mais je ne peux mettre fin à ma soumission, parce qu'elle n'est pas envie, elle n'est pas lubie : elle est identité. Lorsque les plaies se referment, cette identité reprend toute la place qui lui revient, crie son besoin de s'exprimer, sa présence, incontournable et transcendante. Je l'aime ma soumission, et je suis heureuse de la prendre dans mes bras, chaque fois qu'elle me rappelle à l'ordre et fait régner sa loi. Ma loi. Ma foi en elle. En moi.
Or donc, j'ai réactivé mes profils sur les sites de rencontre et j'ai ouvert la porte à la vie. La vie me sourit toujours et cette fois encore, j'ai été impressionnée du nombre de messages m'étant parvenue en si peu de temps ; des messages de qualité qui plus est ! Pas tous bien sûr, pas tous. Mais les personnes en qui je souhaite résonner semblent me reconnaître pour qui je suis et pour ce que j'ai à offrir.
C'est ainsi que j'en vins à communiquer avec Chromosone Y. Charmant trentenaire - c'est la toute première fois que j'entame une relation avec un homme ne faisant pas encore 40 ans - qui sait manifestement ce qu'il recherche et ce qu'il a à offrir. À l'écoute et accueillant, je me suis rapidement sentie en bonne compagnie et considérée, et nos échanges virtuels, contrairement à mes habitudes, ont rapidement été empreints d'une certaine.... chaleur. Ou plutôt d'une chaleur certaine. Il est vrai que je n'ai pas l'habitude de sexter avant une première rencontre. Je choisis mes partenaires avec soin et j'attends toujours la confirmation que ceux-ci sont bel et bien dominants, ce qui n'a absolument rien à voir avec le fait de maîtriser les techniques d'impacts ou d'octroi de sensations. Mais Y était différent... Tout en lui transpirait déjà la maîtrise et un savoir-faire, que dis-je, un savoir Être inouï.
Être dominant, purement et simplement, Y y arrive sans n'avoir aucun effort à fournir. Il sut se rendre très présent dès nos premières conversations, en me demandant par exemple de lui envoyer des photos de moi ou en me donnant des défis, tout en m'accompagnant par sa présence virtuelle tout au long de ceux-ci. Comme cette fois, par exemple, où il me demanda si j'avais des pinces, et m'enjoignit de les mettre à mes seins. J'obéissais toujours à l'instant même où il demandait - j'obéis toujours à la seconde même qu'un ordre m'est donné, c'est mon devoir et ma responsabilité, je connais ma fonction - et j'installai donc avec entrain les pinces, bien serrées. Y me demanda par la suite de les conserver une heure durant, ce qui est long certes mais me paraissait réalisable - je n'ai rien à dire, inutile que les choses me paraissent réalisables ou non, je suis là pour obéir - puis me demanda de jouer avec ma chatte, cette heure durant, et de me faire jouir autant de fois que possible.
Je suis multi orgasmique. Multi multi multi multi multi multi multi orgasmique : l'ai-je déjà spécifié sur ces pages ? Prenant mon devoir au sérieux, j'ai donc été impressionnée du résultat, et lui ravi, me sembla-t-il : 37 fois. J'avais été en mesure de jouir 37 fois durant cette petite - qu'elle me parut longue par moment ! - heure à ma disposition. Mes mamelons me faisaient souffrir, mais je savais respirer et accueillir cette douleur, non pas seulement la tolérer, mais jouir par celle-ci.
Je m'égare, je m'égare. Cette petite parenthèse servait à introduire le fait que lorsque vint le moment de le rencontrer, j'étais déjà extrêmement motivée et optimiste. Par seulement parce que nous avions joué virtuellement, mais surtout parce qu'il avait su poser les bonnes questions. De très très très très nombreuses questions qui finalement en disant également très long sur lui et ses qualités de dominant. Nous devions nous rencontrer dans un café public, mais les transports en commun s'étant fait mes ennemis, j'ai été fort embêtée de lui annoncer que je serais en retard de près de trente minutes. Lorsqu'il me demanda si j'accepterais de me présenter directement chez lui, j'acceptai, cette fois encore, de faire ce que je ne faisais d'ordinaire pas. Était-ce mon look de salope gothique sexy qui m'insufflait cette confiance ? Le corset que j'avais décidé de porter pour me présenter à mon meilleur ? Ces regards des passant appréciant ma tenue à couper le souffle ? Mon instinct me disait que je pouvais lui faire confiance et me présenter directement chez lui, et c'est emballée et fort nerveuse que je pris finalement la direction de sa demeure.
Lors de nos échanges, il avait déjà mentionné les règles qui s'appliqueraient si j'étais invitée chez lui : je devais retirer mes vêtement immédiatement après avoir franchis la porte d'entrée, me mettre au sol et ne jamais le quitter à moins d'indications contraire, et me taire, sauf si j'étais invitée à parler. C'est donc le coeur battant la chamaille que je cognai à sa porte. Celle-ci s'ouvrit sur un homme encore plus attirant que ses photos ne le laissaient présager, ce qui n'est jamais désagréable, bien que pas du tout indispensable. J'entrepris immédiatement de me déshabiller, et le fis dans un émoi certain puisque celui-là de dominant m'était réellement totalement inconnu. Aucun moment tampon pour être à l'aise l'un avec l'autre n'avait été déployé, nous plongions donc directement au coeur de ce que nous souhaitions vivre. Une fois tous mes vêtements enlevés et déposés, à genoux à ses pieds, il prononça ses premiers mots :
- Your glasses too.
Je rougis : nue signifiait réellement entièrement nue, pour lui, et je serais privée de jusqu'à cette faculté de l'observer clairement. Ce premier échange fit monter mon excitation d'un cran, alors que celle-ci, derrière mon corps tremblotant de nervosité, était déjà bien présente...
Pour commencer, je fus giflée, plusieurs fois, d'un côté comme de l'autre. Ces gifles m'amenaient directement là où je me plaisais tant à me réfugier : au coeur de ma vulnérabilité, de mon abandon, de mon choix de m'offrir ainsi. Je le suivis par la suite au salon, à quatre pattes cela va de soi, puis demeurai tranquille sur mes genoux, mains derrière la tête par ma propre initiative, pendant que Y s'appropriait mon corps. Pour ce faire, il me tâta, partout, fort, me claqua les seins aussi, le cul. Il n'avait pas peur d'empoigner à pleine mains mes chairs généreuses, les tordant, les tirant, les soulevant. Je demeurais tranquille, gémissant ici et là, laissant mon vis-à-vis accueillir ce corps avec lequel il pourra s'amuser pour les prochaines heures. Je soufflais si fort, bien sûr. J'étais miniature, surprise de mon audace, mais non moins intimidée. Mais je me sentais en sécurité. Je savais, d'instinct, que j'étais entre bonnes mains.
Après quelques temps de ce manège, Y me demanda de me lever et de m'appuyer au mur. Tirant mes cheveux d'une main, il s'affaira à me donner des coups de poing au ventre de son autre main. Je sais ce que vous allez penser : mais c'est ignoble ! Non, rassurez-vous, cela ne l'était pas, pas du tout même. Il n'y a eu absolument aucune douleur générée par cette activité : Y est manifestement doué et sait ce qu'il fait. C'était la première fois que je recevais des impacts tels que ceux-là, et ceux-ci n'ont pas provoqué de souffrance, mais plutôt un grand, grand, grand, grand sentiment de vulnérabilité. Je me sentais comme toutes ces petites bêtes qui ont pour instinct de protéger leur ventre, pour ne pas s'exposer aux prédateurs. Mais moi, voilà, je m'offrais. Je dois avouer que cet épisode fut intense et étrangement satisfaisant. Par celui-ci, je devins immédiatement beaucoup plus intime avec Y, qui lui, n'avait pas fini.
Invitée à me diriger vers la chambre à coucher, je fus l'objet de ses bons soins, ce qui m'apparut très généreux. Apparemment que mon attitude et comportement était déjà apprécié, puisque Y me fit jouir, ses doigts dans ma chatte me chatouillant le point G. Gourmande et affamée, cela va de soi, j'eus également le plaisir de découvrir son sexe, fier et magnifique. Il sentit mon désir, mon amour de la fellation, mon engouement pour cet organe masculin si précieux et singulier. Nous nous amusâmes un moment comme peuvent le faire deux inconnus, accueillant que tout ne pouvait être parfait puisqu'il s'agissait d'une première fois, mais que tout était absolument juste et bon, pour cette première fois. La chaleur était accablante et Y sentit le besoin de prendre une pause. Je le suivis au salon, où il s'installa pour fumer une cigarette.
Je dirais que c'est dans ce moment de douce accalmie que je me suis sentie le plus irrémédiablement soumise. Par tout le reste aussi, oui bien sûr, mais là, sur le plancher, ne pouvant me rhabiller, l'observant fumer en silence et me scruter, là, je me sentais miniature. Plus le temps passait, plus mon malaise grandissait : je ne pouvais pas fuir ma nudité. Je ne pouvais pas échapper au fait que j'étais incommensurablement soumise aux bons soins d'un parfait inconnu, qui ne me faisait d'ailleurs pas la conversation pour me détendre, ou si peu. Il me regardais, simplement, avec un rictus de sourire au visage, doucement, pénétrant, intimidant. Il était si calme, posé, ancré. D'une solidité renversante. Je ne sus me restreindre au silence à ce moment et tendais à parler beaucoup pour meubler mon malaise. Il ne s'en formalisa pas. Je m'excusai de jacasser ainsi, et lui confiai que j'étais très très très intimidée.
- That's good.
Aucune autre parole. Il se délectait de mon embarras, et je mouillais de le voir aussi impassible et confortable dans sa nature dominante.
- I'll make you shut up if i want to.
Cet épisode dura longtemps ; je demeurai d'ailleurs avec lui près de deux heures et demi, ce qui est long pour une toute première rencontre. Plus le temps passait, plus j'étais intimidée, plus j'étais intimidée, plus j'étais excitée, et plus je jouissais des paradoxes des sentis s'alternant en moi à la vitesse de l'éclair. Vint enfin un moment où je me remémorai que j'étais sensée me taire, ce que je fis donc. Ce moment d'accalmie fut doux, invitant. Je lui souriais, en silence, l'oeil vif, lui communiquant que j'avais enfin compris. Il apprécia manifestement mon silence et mes efforts, puisque son oeil devint vif comme ceux d'un lynx, et qu'il vint à ma rencontre pour cette fois user de ma bouche.
Et ma bouche, il l'usa...
Il me baisa la bouche avec une assurance incroyable. Loin, fort, vite, magnifiquement contraignant, je me laissais coloniser comme j'aime l'être, ne tentais pas d'échapper au surplus de salive que générait ce traitement, ne cherchant pas non plus à prendre mon souffle lorsque lui, d'après ses mouvements, ne le trouvait pas indiqué. J'étouffais. Je jouissais. Je me reposais. Je servais. J'étais heureuse.
Un autre long moment où nous étions simplement en présence l'un de l'autre prit place à la suite de cet épisode, puis je fus invitée à aller me rhabiller. Il me regarda me diriger dans le couloir, puis m'appela à nouveau vers lui.
- You're gonna leave that on the floor ?
J'avais omise de ranger un coussin que j'avais utilisé, et il fut doux d'être prise en défaut ainsi, ce qui sembla également l'amuser. Je rangeai le tout et retournai à nouveau vers la porte d'entrée, où je me rhabillai, un morceau à la fois. Lui était toujours étendu sur le divan, m'observant, scrutant le moindre de mes mouvements. Lorsque je fus entièrement vêtue, il vint me rejoindre. Il fut cette fois très chaleureux et me dit avoir passé un très bon moment, lequel connaîtrait certainement des suites. Je quittai cet appartement visité pour la première fois et son convive le coeur léger et le corps épuisé. Un doux mélange qui m'habite toujours au moment de rédiger ces quelques lignes...
Chères lectrices, chers lecteurs, voici venu Chromosome Y. Longue vie à nos badineries.